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Changer tout ...

Pierre Rabhi

Le mouvement « Colibris » invitant les citoyens à être « Tous Candidats » ne se place pas dans le champ politique conventionnel car nous avons le sentiment, de plus en plus renforcé par les évènements, que la politique n’est pas en phase avec les réalités d’aujourd’hui. En nous appuyant sur une sorte de « sociologie des consciences » nous en appelons, comme nous l’avons fait à l’occasion de notre candidature aux Présidentielles 2002, à l’insurrection des consciences.

Transcendant les multiples appartenances qui nous séquestrent dans une histoire surannée, cette fédération des consciences invite chacun à retrouver sa liberté pour être simplement « de la famille humaine ». Mettons, si nous le voulons vraiment, en chantier et en perspective, cette nécessité absolue. Elle seule est en mesure de donner à l’avènement de notre espèce un sens satisfaisant pour l’intelligence. Pour le moment, c’est à la pesanteur du non-sens que nous avons affaire, et l’histoire nous oblige à gérer les contingences de l’immédiat chargées de tous les périls.
Le suffrage universel nous permet de choisir librement nos « guides » politiques. Ce « libre-arbitre » engage notre responsabilité individuelle, pour le meilleur, le moins bon, voire le pire. Cela permet de dire, en toute vérité, que nous, citoyens, désignons les politiques que nous choisissons et, en toute logique, que nous méritons. Dans la complexité historique, nous sommes impliqués à la fois comme acteurs, et, parfois, victimes de ce que nous créons qui, outre notre rapport destructeur à la vie, dresse l’homme contre l’humain.
Par contraste avec un système pyramidal ou un seul individu prend, par ses promesses, le pouvoir sur une nation, nous viennent en mémoire les positions du Romain Marc Aurel. L’empereur s’interrogeait, avec la gravité imposée par son âme de stoïcien, sur l’immense dimension éthique du pouvoir impliquant avant tout des devoirs inspirés par une morale transcendant l’évènement historique, toujours passager, pour tenter l’avènement de ce qui touche aux fondements universels et intemporels intimement liés au destin du genre humain.
Les électeurs « consommateurs » d’aujourd’hui sont réduits à n’être que des rouages, à la fois contingents et indispensables, pour que la croissance perdure. Le politique s’entête en faveur de l’acharnement thérapeutique auprès d’un modèle agonisant, pour ne pas dire déjà mort. Nous osons dire que la croissance économique n’est pas la solution mais le problème. Le temps d’une civilisation fondée sur la puissance de la modération est venu, permettant de nous libérer de l’illusion selon laquelle le « toujours plus » équivaudrait au « toujours mieux ». Sur une planète ou l’indispensable n’est pas assuré pour un nombre toujours croissant d’indigents, le superflu n’a, lui, aucune limite.
La civilisation occidentale dite « puissante » est la plus vulnérable que l’humanité ait inventée car sans pétrole, sans électricité, sans communication, elle ne sera plus. Et les générations à venir, en admettant qu’elles puissent survivre à l’héritage qui les menace, percevront sans doute l’ère du « pétrolitique » comme un moment d’ébriété collective. Face aux effondrements qui s’annoncent, les querelles politiques semblent d’un autre temps. Désormais, la seule politique qu’impose l’évidence, portée par le génie créateur de la société civile, est celle qui place l’humain et la nature au cœur de ses préoccupations.

Partout des consciences se mobilisent, offrant la promesse d’un monde qui s’appuie sur le changement individuel et accorde la bonté du cœur à la beauté de la nature. Gageons qu’il sera favorable à la joie de vivre que l’abondance matérielle ne saurait offrir. L’heure est à la lucidité sans concession, sans falsification. C’est dans cette conscience, et seulement avec cette conscience, que l’humanité aura un avenir.

KAIZEN N° 2 - mai/juin 2012

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