Par Joie Des Mots
C’est entendu, Alain Delon était d’une incroyable, d’une indépassable beauté. Il appartenait à cette catégorie d’êtres qui apparaissent, tels des miracles, dans notre monde humain, tellement hors concours sur le plan esthétique que nul, aussi séduisant qu’il puisse se trouver, n’aurait risqué le ridicule de se comparer à lui.
Mais cette beauté, venue comme un don, une grâce, surgie des mystères de l’hérédité, il n’en était pas responsable. Elle lui a permis d’assouvir aisément, naturellement sa passion des femmes qui, tout au long de sa vie, ont succombé à son apparence mais pas seulement à cette magnifique superficialité. Ce serait une grave erreur que de réduire ainsi Alain Delon qui demeurera dans la mémoire et le cœur de beaucoup de ses admirateurs pour l’acteur génial qu’il a su être quand des réalisateurs de haute volée ont tiré le meilleur de lui-même.
Pour ma part, j’ai toujours préféré au Delon marmoréen de Jean-Pierre Melville le Delon élégant, charmant, en mouvement, très expressif, du Guépard et dans un autre registre de Rocco et ses frères. Luchino Visconti est sans doute, à cause de son immense personnalité toute de finesse, de compréhension, d’empathie et de culture, le metteur en scène qui a le mieux appréhendé ce qu’Alain Delon avait d’unique. Grâce à lui, il a échappé à sa propre caricature, exploitant au contraire à fond sa spontanéité et cette fabuleuse aisance face à la caméra. Joseph Losey, René Clément et Jean-Pierre Melville (autrement) ont réussi aussi, et d’autres également dans des films plus ordinaires, à donner à Alain Delon l’écrin technique et dramatique dont il avait besoin pour irradier.
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