• 30 heures ... 30 ans ...

    ar Robert Gil

    Ce qui manque cruellement à nos syndicalistes et politiciens de gauche c’est un peu d’imagination à la place de leur résignation ! Plutôt que demander le maintien de la retraite à 60 ans et discuter sur les 35 heures (cette frilosité doit bien faire rire le Medef), il faut passer à l’offensive : le mot d’ordre devrait être « 30 heures de travail et 30 ans de cotisations ! ». Ce n’est pas en s’arc-boutant sur ce que l’on a, mais en demandant davantage que l’on progressera et que l’on fera disparaitre ce petit sourire compatissant des lèvres du patronat… Souvenez vous de cette phrase de Victor Hugo : « l’utopie c’est la réalité de demain ».

     Imaginez, à la fin du 19ème siècle les gens qui n’avaient plus la force de travailler étaient dépendants de leur famille ou alors étaient à la rue. Et un jour, certains ont dit « il faut que l’on ait un salaire toute notre vie, même lorsque l’on ne pourra plus travailler » ; c’étaient des utopistes parait-il ! Et pourtant on a fait la retraite… et maintenant ils veulent nous la reprendre.
    Lorsqu’au début des années 1900 les ouvriers ont réclamé des Droits et une diminution de la journée de travail, c’était complètement irresponsable parait-il ! Et depuis le temps de travail n’a cessé de diminuer… et maintenant ils veulent nous faire travailler plus.

    En 36, ça a été l’apothéose, les travailleurs ont carrément demandé à être payés sans rien faire : les congés payés, qu’ils appelaient ça, c’était une aberration parait-il ! Et les vacances sont devenues depuis une institution… au grand dam du patronat qui ne l’a toujours pas digéré, et nous rejoue sans cesse sa vieille rengaine !
    En 45, le CNR, sous prétexte d’avoir participé à la libération de la nation a imposé des mesures délirantes parait-il… De l’autre coté, beaucoup ont fait profil bas car ils avaient collaboré avec l’ennemi et ont patiemment attendu des jours meilleurs pour eux.
    En 68 : la révolte de mai a fait transpirer la bourgeoisie, et a permis d’obtenir d’importantes augmentations de salaires et de nouveaux Droits syndicaux et sociaux mais… le peuple dans la rue montrant les dents, a fait peur à nos élites qui se sont jurés : plus jamais ça !

    Tout ce que les salariés ont obtenu par les luttes, une poignée de privilégiés, parasites de la république à la solde du grand capital voudraient nous l’enlever par la loi, par leur loi ! On nous répète qu’il manque 20 milliards pour les retraites, pourtant l’argent existe :

    200 milliards d’euros : c’est le montant de la richesse créée par le travail, détournée chaque année des salaires vers les profits, depuis 30 ans,
    330 milliards d’euros : c’est le montant des richesses cumulées par les 500 plus grosses fortunes de France en 2013, en progression de 25 % par rapport à l’année 2012,
    40,9 milliards d’euros : c’est le montant des dividendes versés aux actionnaires des entreprises du CAC 40 en 2012, en augmentation de 5 % par rapport à 2011,
    200 milliards d’euros : c’est le montant cumulé des aides publiques, déversées chaque année aux entreprises, sans contrôle ni contrepartie.
    30 milliards d’euros : c’est le montant des exonérations de cotisations sociales patronales accordées chaque année aux patrons.
    80 milliards : c’est le niveau de la fraude et de l’évasion fiscale.
    10 milliards : ce sont les ressources en cotisations sociales aux horizons 2020 qui pourraient être atteintes en appliquant l’égalité salariale entre les femmes et les hommes (pour rappel les salaires des femmes sont inférieurs de 27 % à ceux des hommes).

    Alors que les profits, notamment des grands groupes, explosent, que les fortunes les plus insolentes s’affichent, que les caisses du patronat sont pleines, il est indispensable d’exiger une autre répartition des richesses et d’imposer, par la mobilisation ou tout autre moyen un rapport de force afin de récupérer notre dû, car la bourgeoisie, le capital et le Medef ne nous feront aucun cadeau, et nous n’aurons que ce que nous prendrons…

    Pour rappel en 1970 il fallait 120 trimestres soit 30 ans pour bénéficier d’une retraite à taux plein, puis en 1971, la loi Boulin l’a fait passer à 150 trimestres soit 37,5 ans. Maintenant il faut 172 trimestres c’est-à-dire 43 ans, et ils ne comptent pas s’arrêter là. Jusqu’à quand allons-nous accepter de nous laisser dépecer ?

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