La notion de frontière est indissociable de celle de civilisation. La frontière, c’est la souveraineté et la souveraineté, c’est l’outil de la destinée. Y renoncer, c’est faire de la nation un pays, voire une province, ou même une simple région. Le projet mondialiste ne s’est jamais exprimé aussi clairement qu’aujourd’hui, qui fait mesurer à chacun les conséquences catastrophiques du traité de Maastricht.

Ouvrir les territoires de notre vieux continent à toutes les marchandises et à tous les colons, c'est renoncer à notre identité, c’est à dire à notre Histoire, à notre culture, à notre art de vivre.

Plus avant, le communisme a tenté cette aventure en brandissant l’image sacrée du Prolétaire, unique, universel et dictateur par essence. Il a cerclé les nations de pseudos frontières et les a décorées de constitutions de papier. Toutes les contestations conduisaient au néant barbelé. Dans le même esprit, le nazisme, au prétexte d’un reich en expansion perpétuelle, a tenté l’aventure de l’Histoire en portant la race en étendard – concept ô combien fumeux et fragile. 

Les Américains ont eu la bonne idée de réunir ces deux fléaux en une seule organisation, l’Union Européenne, pauvre serpillère tissée et passée aux mains d'une Allemagne dominatrice, au détriment d’une vassalité hétérogène ayant à subir la transmutation du marxisme en “néo-féminisme”, en “genrisme”, en “wokisme”... en socialisme pour tout dire.

La frontière est également mentale et protège des fléaux modernes en gardant vive la flamme de la tradition. Elle oppose la réflexion et le temps long à la fulgurance des ambitions ravageuses, les cordages spirituels à la déliquescence des mœurs, l’éthique virile à l’immoralité libérale. Cette frontière-là n’est pas moins menacée que la vieille borne en pierre qui séparait notre monde du reste du monde. La franchir, c’était partir à l’aventure.

Aujourd’hui qu’elle a disparu, c’est l’aventure qui entre en nous, sauvage, barbare, mortelle.
J.-M. M.
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