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Allons-nous laisser faire ?
Lessivés, nous serons demain supplantés
Partout en Europe, cette « catharsis » trouva de chauds partisans. En Grande-Bretagne, des statues de Cecil Rhodes, de l’amiral Nelson et de Churchill furent assiégées ; même à Prague, ce dernier eut droit à des graffitis peu amènes. Comme le disent les journalistes avec la satisfaction de celui qui voit son rêve se réaliser, ce mouvement était mondial. En vérité, il était seulement occidental ; il se manifestait là où vivaient de fortes communautés africaines de naissance ou d’origine et où la superstructure politico-culturelle était entre les mains de libéraux.
C’est toute notre culture qui est ainsi lessivée afin qu’une autre la supplante!
Toutes les grandes figures ayant, de près ou de loin, un rapport avec l’esclavage et/ou la colonisation étaient ainsi la cible d’attaques orchestrées par des groupuscules dont le prestige médiatique est inversement proportionnel au nombre de leurs membres. Si, en France, Macron s’indigna mollement de cette manie déboulonneuse, des libéraux plus conséquents, des deux côtés de l’Atlantique, lui donnèrent raison en annonçant le retrait de certaines statues. Dans les mois qui viennent, le pauvre Christophe Collomb devrait par exemple disparaître de la plupart des grandes villes américaines.
Sacrilège contre le « vivrensemble »
Comme l’écrivait Mircea Eliade dans Le Mythe de l’éternel retour, un peuple c’est d’abord un imaginaire collectif qui puise dans des mythes fondateurs bien plus que dans l’histoire au sens pseudo-scientifique que cette dernière a aujourd’hui – et dont le but avoué est justement de déconstruire les mythes endogènes et le concept de peuple que les charlatans dans le genre de Pascal Blanchard et les gauchistes de salon dans le genre de Valérie Igounet considèrent comme une pure abstraction. Par exemple, longtemps les Allemands ont pensé à Arminius à Teutobourg et les Français, au baptême de Clovis. Le multiculturalisme, qui est le mode sur lequel les élites occidentales désirent très ardemment organiser leurs sociétés, produit un nouveau peuple ou plutôt des populations partageant un même territoire et qui ont elles aussi besoin de leurs héros et de leurs épouvantails. Ne reculant jamais devant l’anachronisme quand il sert leur cause, leurs intellectuels pratiquent sur l’histoire une laborieuse opération qui vise à débusquer aux forceps dans le passé des « précurseurs » de l’antiracisme, du féminisme, du pacifisme, de tous les –isme sous le règne desquels ils entendent nous obliger à vivre. Ils vont jusqu’à repeindre en rose des périodes entières, à l’instar d’Al Andalus présentée comme une agréable collocation entre musulmans, juifs et chrétiens sous la domination éclairée de poétiques princes arabes.
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Tags : peuple, mythe, grande, ainsi, occidental
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