• Anne ne perd jamais son latin ...

    Les 60 premiers jours de Jupiter


    Par Anne Roumanoff

     

    Un chantier incommensurable attendait Jupiter, il le savait quand il avait postulé à cette lourde charge. La fatuité de la jeunesse l’avait conduit à se sentir capable de venir à bout des travaux auxquels s’étaient heurtés sans succès les précédents dieux de l’Élysée : nettoyer les écuries d’Augias de la politique, relancer l’activité économique de la cité, réduire le déficit de l’État qui ne cessait de se creuser au fur et à mesure qu’on essayait de le combler, assurer la sécurité des Français tout en préservant leurs libertés… Le plus important étant sans doute de restaurer cet élément impalpable sans lequel rien n’est possible : la confiance.

     

    Jupiter avait longuement observé Hollandus, dieu de la Pluie et des Bonnes Intentions, ses hésitations perpétuelles, son désir de flatter les messagers des médias, et il s’était promis de faire le contraire de son mentor. Ainsi, Jupiter annonça qu’il se refuserait à commenter une actualité toujours mouvante. Il n’alimenterait pas le flot d’infos en continu qui conduit souvent à perdre de vue l’essentiel mais s’emploierait à piloter son navire dans la tempête en gardant le cap sur l’horizon. Tel un dieu de l’Olympe qui refuse de descendre de son piédestal, Jupiter n’interviendrait que quand il le jugerait nécessaire, sa parole serait précieuse car rare. À Versailles, Jupiter faillit plonger son auditoire dans les bras de Morphée. Quand l’adonis du Touquet prenait la parole, il évoquait plus un jeune premier de la classe récitant avec application un exposé qu’un tribun brillant qui enflamme son auditoire.
    http://www.altermonde-sans-frontiere.com/spip.php?article35079

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