"Détendez-vous. C'est comme l'amour . Gardez vos lèvres
humides et entrouvertes, laissez vos mains tournées vers le haut
dépliées comme des nénuphars, des palmes sous la brise.
Respirez profondément, lentement. Oubliez le chlore
et la façon dont le fond est coloré de ciment
bleu tant l'eau semble claire
Comme celle des Caraïbes. Ignorer les insectes noyés,
les brindilles qui se rassemblent dans le filet
de vos cheveux . Le soleil est votre billet,
votre narcotique, caressant votre menton,
les îles flottantes de vos genoux.
Fermez les yeux et devenez
une l'étoile de mer palpitante, violet et rouge,
comme le scintillement de vos paupières intérieures.
L'hallucination fait partie du processus,
comme l'amnésie. Oubliez comment vous avez appris
à nager, oubliez cela étant dit
Ne paniquez pas. Ne vous inquiétez pas. Lâchez
mon cou. C'est seulement de l'eau. Ne pensez pas
à moins que vous vous imaginiez Chagall,
ses aquarelles de colombes et les toits,
ses amateurs d'apesanteur,
la gravité bannie, les voix assourdies
des violons et la flûte de pan."

La main de l' homme
cercle le poignet de la femme, le lâche,
cela lui permet de flotter,
et elle se laisse porter par l'eau.
 au-dessus les vérandas et les têtes ondulantes
des saules . Son seul lien à la terre ,
la lumière presque comme une corde.
Déferlement, son glissant sur la ligne d'horizon,
dans le ciel un nuage passe. Cette mesure d'elle,
de sa confiance en elle , mais il veille aussi sur elle ?
Avril Linder