Serre bien ma tête contre ta poitrine
et berce-moi
Dans le cocon soyeux de tes mains
ma tête se fera toute petite
Le gros abcès des idées crèvera
et je redeviendrai l’enfant d’un autre siècle
effrayé par le tonnerre
et qui se donne du courage
en ânonnant un vieil alphabet
à la lueur d’une bougie
dans la maison interdite de Fès
près d'un brasero où brûlent encens et fenugrec
et éclate dans l’alun le mauvais œil
Berce cet enfant qui n’a point été bercé
afin qu’il revive et fasse revivre entre tes bras
un monde englouti, saccagé, volé
dont il ne reste
qu’un âcre parfum d’innocence.
Abdellatif Laâbi