nouvel enfant grec*
Sous un ciel d’autrefois, je regarde la France,
Celle d’avant mon temps, celle de mon enfance.
Sous un ciel d’aujourd’hui et privée d’espérance,
Elle saigne mille maux en toute indifférence.
J’entends pleurer l’autel dont l’église est en feu,
Spectacle qui ravit le Croissant monstrueux,
Quand, dans un cri de joie, l’anarchiste furieux
Se nourrit de ses cendres en un sourire hideux.
Je vois jouer l’enfant, l’enfant blanc plein de vie,
Soudain frappé au cœur par un visage de nuit.
Il s’éteint sans comprendre, poussant un petit cri,
Tandis que son bourreau se félicite et prie.
Je sens trembler la terre et s’envoler soudain
Des corps se disloquant comme autant de pantins.
Un « fidèle » a parlé son langage assassin,
Il a tout fait sauter pour l’enfer de son « Bien ».
Je ferme alors les yeux pour ne plus voir ce monde
Où périssent les femmes « impudiques » et girondes,
Où l’ennemi s’amuse de nos peines profondes,
Où règnent nos silences lorsque le péril gronde.
Mais je les rouvre enfin pour me maudire alors
D’imiter en cela ceux qui vont à la mort,
Soumis à nos tyrans et les recouvrant d’or,
Judas dont je ne veux pas partager le sort.
Sous un ciel disparu, mes rêves étaient en paix,
Mes amours étaient libres et la France respirait.
Sous un ciel d’aujourd’hui, je veux bien demeurer,
Les armes à la main, un pays à venger…
(*Songeant au poème « L’Enfant », de Victor Hugo)
Charles Demassieux