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C'était mieux avant, même si plus dur ...
Ce qui avait occupé leur jeunesse, ce qui était resté depuis des millénaires l'office, le plaisir et la joie de l'homme : monter un cheval, labourer de bon matin derrière son taureau le champ fumant, faucher sous le soleil brûlant le blé jaune, tandis que les filets de sueur ruissellent sur votre poitrine hâlée et que les botteleuses peuvent à peine suivre la cadence, et le repas à l'ombre des arbres verts - tout ce que le poème a célébré depuis des temps immémoriaux devait désormais disparaître.
Plus de joie. Comment donc expliquer cette quête d'une vie plus pâle et plus plate ? Certes, le travail était plus facile, bien que plus malsain, et rapportait plus d'argent, plus de loisir et peut-être aussi plus de plaisirs. Le jour est dur et long à la campagne. Et pourtant, tout cela valait moins que jadis un écu bien rond, un samedi soir, une fête rustique.
Ils se détournaient du bonheur : on le voyait clairement à l'expression morose qui se rependait sur leurs traits. Le mécontentement ne tarde pas à étouffer tout autre état d'âme ; il devient religion. Là où les sirènes hurlaient, l'horreur avait son trône. Et bientôt, il ne resta plus un coin de terre où elles n'eussent pénétré.
Ernst Jünger. Abeilles de verre
Hier j'ai eu un coup de fil d'une amie d'enfance et d'adolescence, une presque soeur. Nos maisons étaient voisines, nous étions filles uniques, nous avions été réfugiées dans la même pièce pendant la guerre, nos pères étaient prisonniers, même école et nous avons revécu avec amour cette année de guerre en Vendée, dans les fermes, les battages, le glanage, le filage des quenouilles, la fabrication du beurre dans de beaux moules en bois sculptés, il n'y a pas de doute c'était la vie ... et les veillées le soir devant la grande cheminée, chaud devant, froid derrière, les histoires avec l'accent vendéen, je crois que c'est ce que j'aime dans le parler Québécois ces souvenirs d'alors.
Tags : ame, devant, dur, joie, vendee
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