Dès que j'ai eu de nouveau, installé à Grignan, un jardin,
avec quelques fleurs,
souvent surgies par hasard,
comme par une grâce du vent,
j'ai été frappé de constater
qu'en respirant le parfum de certaines d'entre elles, surtout l'iris,
mais aussi la violette ou la rose,
j'étais aussitôt, irrésistiblement, infailliblement, ramené à l'enfance,
à une enfance vers laquelle, d'ordinaire,
je me suis peu retourné
et dont je ne garde que relativement peu de souvenirs,
assez vagues pour la plupart.
C'est peut-être que l'odorat est le plus humble,
le moins sollicité, donc le moins usé
et le plus secret de nos sens
Philippe Jaccottet
J'habite la maison où je suis née, qui nous appartient depuis 1835.
J'ai les photos, j'ai tant de souvenirs et j'ai surtout le rosier de Mémé, le jour de grand soleil, quand je mets mon nez dedans, "ils" sont tous autour de moi.