Les Français en colère, où va la République ?
Un récent sondage réalisé pour CNews révèle que 82 % des Français sont en colère. Très en colère pour 51 % d’entre eux, un peu pour 31 %. Seuls 17 % des Français ne le sont pas du tout. Voilà qui devrait inquiéter l’oligarchie qui gouverne ce pays. Il est à craindre qu’elle n’en ait cure car elle a pris depuis longtemps l‘habitude de passer outre la volonté du peuple.
Il arrive, en effet, que la volonté du peuple ne soit pas celle des princes qui nous gouvernent. Ainsi, le rejet du projet de traité de Constitution européenne en 2005. Nous savons ce qu’il en advint. Par un tour de passe-passe indécent, Sarkozy fit adopter par voie parlementaire un texte quasi identique (le traité de Lisbonne) à celui rejeté par les Français. Ce que n’ont pas mesuré les oligarques de France et d’Europe, c’est la profondeur de la perte de confiance envers la caste politico-administrative qu’à entraînée cette forfaiture.
Les propos du Président sur les gens « qui ne sont rien », les ouvrières « incultes » et autres maladresses ont offensé bien des Français et entraîné un rejet profond du monde politique dans son ensemble.
Le projet de réforme des retraites, aussi mal ficelé que vendu, cristallise en fait une colère et un malaise plus profonds qui expliquent l’ampleur de la protestation. Dégradation du pouvoir d’achat, déclassement progressif de la classe moyenne, augmentation de l'insécurité, sentiment d’une menace diffuse pesant sur notre civilisation et nos modes de vie, impuissance d’un État pourtant le plus cher du monde, polarisation de l’oligarchie et des médias sur des questions sociétales marginales : tout concourt à donner à la majorité de la population que ceux qui nous gouvernent, ou font semblant de le faire, passent totalement à côté des vraies préoccupations des Français. Ou s’en moquent. La démocratie représentative est entrée en crise profonde pour la raison simple que les citoyens ne se sentent pas représentés par ceux qui sont censés le faire !
À cela s’ajoutent les actions bruyantes et violentes de minorités agissantes devant lesquelles les autorités politiques et « intellectuelles », souvent complices, démissionnent. Intimidations, violences, dénonciations sur les réseaux sociaux, tout est bon pour abattre « l’ennemi de classe » ou le pseudo-« fasciste ».
Dans cette France éclatée, divisée, où l’oligarchie gouvernante ne sait plus se tenir et ignore jusqu’au sens de la notion de bien commun face aux revendications des minorités ou des individus, la République glisse-t-elle vers la révolution ? À l’évidence, malgré l’échec universel et sanguinaire des révolutions marxistes-léninistes, certains rêvent encore du « Grand Soir », ce moment où, selon Lénine, « l’incendie de la révolution » se répandra sur le monde. D’autres se rassurent en disant qu’il n’y a pas de révolution sans chef. Erreur, la Révolution française a éclaté sans vraie direction et a démontré que lorsque le courant révolutionnaire se déchaîne, il est difficile de le canaliser.
Quand viendra le chaos, y aura-t-il des personnalités capables d’éviter le pire et de redresser la nation ?https://www.bvoltaire.fr/tribune-les-francais-en-colere-ou-va-la-republique/