"Un pouvoir de circonstances " pour reprendre le mot fameux du général de Gaulle, se reconnaît à l’usage perverti qu’il fait des symboles. Il ne s’accorde aucune limite à l’expression de ses désirs qu’il confond, à tort, avec le sens de l’État. En vingt-quatre heures, Emmanuel Macron se sera adonné à deux gestes dont l’effet provocateur n’aura pas manqué de susciter une double polémique.
Le remplacement du drapeau français sous l’Arc de triomphe par l’effigie étoilée de Bruxelles afin d’acter la présidence française de l’Union européenne et
la nomination inopportune de Madame Buzyn au grade de chevalier de la Légion d’honneur en disent long sur l’absence de surmoi du président comme si tout lui était accordé dans un contexte, il faut en convenir, d’émolliente amnésie civique. Tout passe là où auparavant rien ne passait.
Emmanuel Macron dans les deux cas aura démontré néanmoins une désinvolture certaine, qui lui permet de penser et d’opérer le pays selon ce qui apparaît de plus en plus comme l’expression d’un bon plaisir débridé ; son prurit idéologique aura ainsi fait fi de l’histoire, comme la distinction accordée à une ministre contestée. (Valeurs actuelles)