vouloir faire fi du temps en pensant se débarrasser de son poids
et c’est le jour qui tombe sur nous comme une cascade,
son flot qui emporte sur son passage,
recueillement et recul ;
ignorer le temps et c’est le laisser devenir maître de la situation,
c’est lui qui dira alors “stoppe !” avec douleur et amertume,
l’impression terrible de n’avoir pas achevé l’oeuvre de vie ;
il faut donc au contraire se déclarer au matin :
«aujourd’hui mon emploi du temps sera une promenade sans but,
une dérive merveilleuse, limitée entre midi et huit heures" ;
et alors elle pourra nous paraître sans fin la durée de ce jour :
il faut compartimenter, cloisonner,
ordonner le temps pour donner à l’esprit l’impression illusoire
d’avoir réalisé l’action prescrite
dans un espace temps précisément défini par avance
Pierre Cressant