Une tombe, ce n’est rien qu’un coffre vide.
Celui que j’aime tient tout entier dans mon souvenir,
dans un mouchoir encore parfumé que je déplie,
dans une intonation que je me rappelle soudain
et que j’écoute un long instant,
la tête penchée…
Il est dans un court billet tendre dont l’écriture pâlira,
dans un livre usé que flattèrent ses yeux,
et sa forme est assise à jamais, pour moi,
mais pour moi seule
sur ce banc d’où il regardait,
pensif,
bleuir dans le crépuscule la Montagne aux Cailles…
Colette