• En toi la terre ...

    En toi la terre ...


    Petite
    rose,
    rose menue,
    parfois,
    minuscule et nue,
    on dirait
    que tu tiens
    dans une seule de mes mains,
    que je vais t'emprisonner
    et à ma bouche te porter,
    mais
    soudain
    mes pieds touchent tes pieds et ma bouche tes lèvres
    tu as grandi,
    tes épaules s'élèvent comme deux collines
    et voici tes seins se promènent sur ma poitrine,
    mon bras parvient à peine à en entourer la mince ligne
    le croissant de nouvelle lune de ta taille :
    dans l'amour tu t'es déchaînée comme l'eau de la mer :
    je mesure à peine les yeux les plus vastes du ciel
    et je me penche sur ta bouche pour embrasser la terre
    Pablo Neruda


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