Comme toute tragédie historique, l’Holocauste ne peut être considéré que rétrospectivement, et sa horrible totalité – 11 millions de morts, dont six millions de Juifs – donne souvent l’impression que les tentatives de compréhension des actions et des logiques de ses auteurs sont perverses, voire insultantes. On peut faire valoir que seul le mal pur peut provoquer un désastre d’origine humaine d’une telle ampleur, et qu’expliquer l’accumulation de ces crimes de guerre généralisés ne fait qu’humaniser la voie inhumaine et génocidaire choisie par les criminels. Ce n’est qu’en étudiant les préludes aux catastrophes que nous pourrons empêcher la répétition de telles atrocités.

Un assassinat commode donnera la Nuit de Cristal (Kristallnacht) ...

Un événement en particulier a ponctué, exacerbé et accéléré la persécution nazie des Juifs : la Nuit de Cristal, la Nuit du Verre Brisé. Cet événement qui porte bien son nom a vu des verres brisés joncher les rues de toute l’Allemagne et d’autres territoires sous contrôle nazi à la suite du vandalisme et de la destruction d’entreprises, de synagogues et de maisons appartenant à des Juifs.

Opérant directement à partir du manuel de jeu d’un dictateur, Hitler a utilisé une petite poussière pour fomenter des attaques anti-juives majeures. Le 7 novembre 1938, un juif germano-polonais de 17 ans nommé Herschel Grynszpan entre à l’ambassade d’Allemagne à Paris. Après avoir appris que ses parents avaient été déportés d'Allemagne vers la Pologne (qui n'avait pas encore été envahie par les nazis), Grynszpan a abattu un fonctionnaire de l'ambassade allemande, Ernst vom Rath.

La réponse maniaque et non mesurée d’Hitler a été de déclencher un véritable pogrom contre les Juifs, déguisé en réponses spontanées et menées par des civils au meurtre d’un fonctionnaire subalterne de l’ambassade. Ces « réponses » étaient en fait des purges sanctionnées par le gouvernement. Déclarant que « la communauté juive mondiale » avait conspiré pour assassiner vom Rath, le ministre de la propagande Joseph Goebbels a annoncé que même si « le Führer a décidé que… les manifestations ne devraient pas être préparées ou organisées par le Parti, [si] elles éclatent spontanément, elles ne doivent pas être organisées. gêné. »

Il s’en est suivi une dévastation et, surtout, une escalade. En plus des millions de dollars de dégâts, environ 30 000 hommes juifs ont été arrêtés et envoyés dans des camps de concentration alors naissants – le premier exemple d’arrestation massive justifiée strictement par la judéité. Hitler a également imposé une « taxe d’expiation » d’un milliard de Reichsmark à la communauté juive en guise de compensation pour la destruction des infrastructures – un autre prélude à une confiscation généralisée des propriétés.

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