Gilets jaunes : trois ans après, la colère demeure ...

Le 17 novembre 2018 – c’était il y a trois ans – j’étais sur les Champs-Elysées dès 11 heures, à les attendre. A 11h 30, ils ont commencé à arriver par petits groupes : des ruraux, provinciaux, banlieusards ; des artisans, commerçants, petits patrons, employés, aides-soignantes libérales. Les premiers Gilets jaunes traversent sagement dans les passages piétons et font des selfies en fredonnant Joe Dassin : « Aux Champs-Elysées, ta-ta-ta-ta-taaa ! ». Plus pour longtemps. A midi, il y a déjà un monde fou. La police est tendue. C’est la France modeste qui débarque. Elle est en colère. Emmanuel Macron y verra, déphasé comme toujours, une « foule haineuse ». Les médias avoueront n’avoir «  rien vu venir ». Pour ma part, cette révolte populaire ne me surprend pas. Peu avant, le 22 septembre 2018, invité à l’université d’été de la Manif pour Tous, j’avais déclaré (discours repris pages 124 et suivantes dans Les Traîtres) : « Nous, société civile, pouvons recréer une dynamique, une rupture, une révolution en somme (…) Il s’agit, dès à présent, de profiter de ce mouvement d’impatience qui se généralise pour réveiller ceux qui dorment (…) Une place essentielle est à prendre dans le débat public, ici et maintenant. Quitte à descendre dans la rue si cela devient utile (…) Ce que nous vivons, en France et ailleurs, a toutes les caractéristiques d’une insurrection civique ». La voici, sous mes yeux.

Cela fait longtemps que ces premiers Gilets jaunes ont regagné leurs terres oubliées. Après avoir brièvement fait trembler l’Elysée, ils ont dû se résoudre à leur échec prévisible. Un mouvement si peu organisé ni structuré n’avait pas vocation à s’installer dans la durée. Pour autant, la colère française est toujours présente
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