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Il dirait les choses ? Il ne serait pas dans la ligne bisounours ?
La chasse au Onfray est ouverte
Par Joseph Macé-Scaron
En janvier 1935, André Gide, qui régnait sur la république des lettres, fut invité dans une petite salle de la rue Visconti, à Paris, pour expliquer le sens de son engagement. L’anecdote est reprise par Sébastien Laurent dans sa biographie de Daniel Halévy. Il y avait là 200 personnes, dont l’équipe de la NRF au grand complet. Jacques Maritain, Henri Massis et François Mauriac intervinrent, mais le débat fut particulièrement vif entre Gide et Halévy. Le premier dit au second : « Je voudrais comprendre pourquoi vous ne comprenez pas. » Ce à quoi le second répondit : « Un des inconvénients de cette sorte de rencontre, c’est la courtoisie qui y fait des ravages. » Cette phrase rencontra l’approbation de nombreux clercs : feu sur la courtoisie ! Aujourd’hui, nous regardons plutôt cette époque avec une certaine nostalgie.
Entendons-nous : personne ne niera le caractère salubre de la joute intellectuelle. Mais, si l’échange polémique implique l’affrontement des opinions, il implique également le respect de l’adversaire et l’espoir que son opinion puisse de quelque manière être féconde. On s’en voudrait presque de rappeler cette évidence, mais la discussion n’est pas une dispute entre deux joueurs de bonneteau. Agression verbale, emphase, hybris accusatoire, anathème Il est pénible de voir ainsi confondre vigueur sorélienne et virulence soralienne. Certains éditorialistes nous affirmaient que, en raison de la multiplication des pensées uniques, la guillotine morale du politiquement correct était rangée au magasin des accessoires historiques. Encore raté ! La suspicion vigilantielle se porte à merveille et sa dernière victime s’appelle Michel Onfray.
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Tags : Michel Onfray, fut, rencontre, personne, opinion
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