Au commencement, les choses avaient dû être enthousiasmantes.
Nos parents s’en souvenaient :
le pays attendait les lendemains,
les jupes raccourcissaient,
les chirurgiens remportaient des succès,
le Concorde rejoignait l’Amérique en deux heures
et les missiles russes, finalement, ne partaient pas
la belle vie, quoi !
Les nourrissons de 1945 avaient tiré à la loterie
de l’Histoire le gros lot des années prospères.
Ils n’avaient pas écouté Jean Cocteau
lançant cette grenade à fragmentation
dans son adresse à la jeunesse de l’an 2000 :
« Il est possible que le Progrès soit le développement d’une erreur. »
Sylvain Tesson