Ce n’est pas une affaire d’épaules ni de biceps que le fardeau du monde
Ceux qui viennent à le porter sont souvent les plus frêles
Eux aussi sont sujets à la peur au doute au découragement
et en arrivent parfois à maudire l’Idée ou le Rêve splendides
qui les ont exposés au feu de la géhenne
Mais s’ils plient ils ne rompent pas
et quand par malheur fréquent on les coupe et mutile
ces roseaux humains savent que leurs corps lardés par la traîtrise
deviendront autant de flûtes que des bergers de l’éveil emboucheront
pour capter et convoyer jusqu’aux étoiles la symphonie de la résistance.
Abdellatif Laâbi