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Je réclame le devoir de paresse ...
Longtemps définie comme un péché capital, la paresse ne pouvait être revendiquée comme un Droit. La littérature militante retournait et retourne encore l’insulte contre le patron, le bourgeois, l’actionnaire, ce fainéant, qui exploite le travail de l’ouvrier pour se la couler douce. Il faut, il est vrai, beaucoup d’outrecuidance, pour dénoncer les fainéants, en incitant à préférer le travail au rabais aux aides sociales. Surtout quand on allège l’imposition des fortunes qui ne viennent pas directement du travail. Les macronistes auront beau nuancer, en soutenant que les fainéants sont les politiciens qui renoncent aux réformes, le mot renvoie toujours au pauvre, au chômeur indemnisé, au bénéficiaire d’allocation, suspect de ne pas chercher de travail. De ne pas accepter n’importe quoi, à n’importe quel prix, plutôt que d’être assisté.
Paul Lafargue renversait la vieille morale. Comment osait-on demander au prolétaire de travailler pour accroître la richesse sociale, en regard de laquelle il deviendrait lui-même encore plus pauvre ? La morale dénoncée dans Le Droit à la paresse ne cesse d’être martelée, elle revient en force, avec le chômage pour allié : on chante sur tous les tons qu’il faut travailler plus, sans en tirer grand-chose, pour produire des richesses qu’une crise financière peut détruire en quelques jours. Et des gens dont les salaires, les stock-options et les retraites chapeau défrayent régulièrement la chronique se permettent de faire la leçon à ceux qui craignent de troquer une maigre indemnité pour un travail précaire, ennuyeux et rémunéré le moins possible.
http://www.altermonde-sans-frontiere.com/spip.php?article35711Le Droit à la paresse, selon Lafargue, n’était rien d’autre que le Droit de jouir de l’existence, de construire sa personnalité sur d’autres bases que la place dans la chaîne de production.
Tags : paresse, travail, droit, faineant, indemnite
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