Par Riss

Tous les quatre ans, c’est un rituel incontournable, le monde entier se branle pour les jeux olympiques. Sauter, courir, plonger, pédaler pour obtenir un privilège extraordinaire : monter sur des petites caisses en bois, dont la plus haute est marquée du chiffre 1, la deuxième, légèrement plus petite, du chiffre 2, et la dernière, encore plus petite, du chiffre 3. Ensuite, un type vous met autour du cou un ruban au bout duquel pend un morceau de métal rond, en bronze, en argent ou en or. Tout dépend de la qualité des produits que le médecin et le pharmacien de votre équipe vous auront fait avaler.

 Voilà. C’est tout. Vous pouvez reprendre l’avion et rentrer chez vous. Arrivé dans votre pavillon, vous déposerez votre récompense métallique dans la vitrine, où prennent déjà la poussière les coupes très moches remportées durant votre enfance, que vous avez gâchée en passant tous vos mercredis et tous vos week-ends dans des compétitions où tout le monde sentait la transpiration. Puis vous attendrez que les années passent. Et, un jour, la mort vous emportera. Ce qui sera sans importance, car vous serez entré dans la légende. En tout cas, c’est ce qu’on vous aura fait miroiter de votre vivant. Comme les ecclésiastiques qui croient qu’en se privant ils gagneront l’éternité, le sportif croit que, après sa mort, sa victoire sera éternelle et qu’on se souviendra de lui pendant des siècles et des siècles.
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