• La démocratie étant morte, essayons le populisme ?

    Le Populisme c'est ...

    Opposer le peuple aux élites, privilégier la démocratie directe, favoriser le protectionnisme et encourager l'émotion ...
    Largement inspiré du dernier livre de Pierre Rosanvallon "le siècle du populisme" (Seuil)

    Quatre thèmes caractérisent ce mouvement :

    1) le populisme érige le peuple en figure centrale de la démocratie. Ce n'est pas une nouvelle idéologie mais une construction politique qui divise d'une manière manichéenne la société en deux parties : l'élite et "ceux d'en bas".

    2) le populisme vise à une régénération de la vie démocratique. Il faut privilégier la démocratie directe en multipliant les référendums d'initiative populaire car la démocratie parlementaire représentative est perçue comme une confiscation de la souveraineté du peuple. Le référendum instaure un face-à-face privilégié entre le "peuple roi" d'en bas et "l'homme peuple d'en haut". Il faut aussi mettre en place une démocratie immédiate libérée de ses corps intermédiaires. Ainsi la magistrature doit être mise au pas, les juges sont là pour appliquer la loi pas pour entraver la volonté populaire. La presse est critiquée parce qu'elle joue un rôle actif dans la constitution de l'opinion et qu'elle est aux mains des puissants de l'argent.

    3) Le populisme affiche économiquement une perspective protectionniste. Le libre-échange et la mondialisation actuels ont détruit la volonté politique nationale. Ils s'accompagnent d'un transfert du pouvoir de gouverner à des institutions supranationales anonymes qui empêchent le peuple d'être maître de son destin. C'est pourquoi l'Europe est dénoncée comme une entité technocratique qui confisque le pouvoir au peuple. Ce protectionnisme s'accompagne d'une reprise en main des flux migratoires.

    4) Le populisme, enfin, est une régime de passion et d'émotion. Au XXème siècle, les individus étaient encadrés par des institutions collectives, l'Eglise, les partis, les syndicats qui laissaient peu de place aux sentiments des personnes.Depuis des décennies, ces organisations collectives ont perdu de leur poids et l'attention à la singularité de l'individu est devenue essentielle. Aujourd'hui, on ne dit plus le parti ou les masses, on ne dit plus volontiers "nous" mais "je". Et le "je" invite à décliner ses émotions. Emotion de position : sentiment d'abandon et d'être méprisé. Emotion d'action : il faut dégager les élites dont on a une grande défiance et les remplacer par "l'homme peuple".
    L. Persehaye pour Ouest-France

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