C’est au nom du “pluralisme”, principe fondamental de la démocratie, que Sabrina Agresti-Roubache a accepté d’être interviewée dans le premier numéro du JDD dirigé désormais par Geoffroy Lejeune. Le gouvernement n’a pas apprécié, Clément Beaune proclamant sur RMC qu’on ne peut pas parler avec “n’importe qui”. Et le cabinet d’Elisabeth Borne a pris rendez-vous avec la secrétaire d’Etat pour la rentrer.
En accordant une interview au renaissant Journal du Dimanche, Madame Sabrina Agresti-Roubache, toute fraîche Secrétaire d’Etat à la Ville, est entrée, d’un seul coup, en voie de diabolisation. Voie rapide, voie express même. Pensez, un membre du gouvernement accepter l’invitation à s’exprimer dans un journal dont la direction est désormais assurée par Geoffroy Lejeune, ex directeur de la rédaction de Valeurs actuelles, journaliste d’expérience et compétent dont tout ce que ses détracteurs se plaisent à en dire est qu’il serait « marqué à l’extrême-droite ». Marqué par qui, au nom de quoi, selon quels critères, du fait de quels grands crimes ? On ne se donnera pas la peine de préciser, d’argumenter, de justifier. L’anathème se suffit à lui-même. La formulation dispense de la moindre analyse.
C’est ici la marque majeure, confortable et terrible de toute inquisition. Le procès est jugé d’avance. Procès en réputation, en l’occurrence. L’a priori vaut jurisprudence. Ainsi, un peu à la manière d’un chanoine d’autrefois qui se serait fait surprendre revenant de chez les dames de petite vertu, Madame Sabrina Agresti-Roubache – courageuse frondeuse du politiquement correct – a eu droit, nous dit-on, à un recadrage maison de Madame Borne, première ministre et grande experte dans le domaine du recadrage justement, attendu qu’elle a eu le bonheur d’en essuyer une bonne demi-douzaine tombés d’en haut dans le temps record d’une petite année passée à Matignon.
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