"Nos gouvernants sont responsables de la gestion de ce qu'on pourrait appeler une panique froide, une panique qui est signalée par le fait que des messages ouvertement contradictoires sont envoyés :" continuer à consommer, la croissance économique en dépend "mais" penser à votre empreinte carbone " ; "Vous devez réaliser que nos modes de vie vont changer" mais "n'oublions pas que nous sommes engagés dans une compétition dont dépend notre prospérité." Et cette panique est également partagée par nos gouvernants. Quelque part ils espèrent qu'un miracle pourrait nous sauver - ce qui signifie aussi que seul un miracle pourrait nous sauver. Ce pourrait être un miracle qui vient de la technologie, qui nous épargnerait le processus imminent, ou le miracle d'une conversion massive, après une énorme catastrophe. En attendant, ils donnent leur bénédiction aux exhortations qui visent à culpabiliser les gens et proposent que chacun pense à faire sa part, à sa propre échelle - à condition, bien sûr, que seule une minorité d'entre nous renonce à conduire ou à devenir végétarien, car sinon ce serait un coup dur pour la croissance économique. "
Isabelle Stengers,
"Dans les temps catastrophiques : Résister à la barbarie à venir"