La maison de Manon est rouge,
Comme le vent, comme la terre.
Elle l’a repeinte avant-hier
Pour qu’enfin sa vie grise bouge.
Mais autour d’elle elle a perçu
La réprobation du village
Car il n’est vraiment pas bien sage
De jouer à l’hurluberlue.
Elle a donc repris son pinceau,
Pleine de rage et d’amertume.
Et les fleurs, le soleil, la lune,
Et l’escalier , les rues et l’eau :
Elle a tout barbouillé de rouge
Pour épouvanter les manants.
Depuis ils se terrent, tremblants
Et dans les rues plus rien ne bouge.
Alexandre Houllier