Le galet que j'ai ramassé sur la plage dort dans un tiroir.
Il a fait un voyage de quatre cents kilomètres
qui l'a séparé de ses frères.
Une pierre blanche avec une veine noire qui palpite.
On ne devrait toucher les choses qu'avec les yeux.
Ce galet n'entendra plus la partition océane,
le grondement des abîmes en marche.
Les galets sont les spécialités de la mer,
avec le miel craquant du sable.
En prendre un dans la paume réjouit la main,
fait courir une électricité enfantine à travers la gaine dénudée des nerfs.
Christian Bobin
Le mien était un coeur sauvage et magnifique.
Il est à pourrir dans la terre près de Brest ...
Regrets ...