• Laissez-nous grossir tranquilles ...

    MERCI, la malbouffe ! Comme vient de le montrer une très sérieuse étude de la revue médicale « The Lancet », le nombre d’obèses et de personnes en surpoids sur la planète a presque triplé en trente ans, atteignant aujourd’hui les 2,1 milliards.

     Belle coïncidence, Jean-Paul Laplace, l’ancien directeur adjoint de la nutrition humaine à l’Inra (dont il est aujourd’hui directeur de recherche honoraire), également membre de l’Académie nationale de médecine, vient de signer dans la revue du Centre de recherche et d’information nutritionnelles (Cerin), une goûteuse tribune contre les « extrémistes » de l’anti-malbouffe : tous ceux qui pressent l’industrie agroalimentaire d’arrêter de nous gaver en mauvais gras, sucre et sel.

    Sous le titre « Laissez-nous manger tranquilles ! » et sur 12 pages, Laplace vitriole le Programme National Nutrition Santé (PNNS), qui entend coller sur les étiquettes des feux tricolores pour que le consommateur puisse enfin repérer d’un seul coup d’œil les aliments industriels les plus nocifs. « Plus on fait peur, plus on rend malade ». La preuve : « Victimes du simplisme qui prévaut dans les croisades de la prévention, des gros heureux sont devenus obèses et malheureux ».

    La suppression des distributeurs de friandises et de sodas dans les écoles obtenue par le PNNS ? « Le danger est encore plus grand lorsque certain prétendent "diététiser" les enfants dans un cadre scolaire ». Le sel ? Laplace ressort du placard un antique avis de l’Agence de sécurité sanitaire des aliments, qui date de quatorze ans, et nous explique que la surconsommation n’est pas aussi délétère qu’on le croit. Et peu importe que ledit avis ait été totalement désavoué depuis par une quarantaine d’études…

    Non seulement la malbouffe ne nuit pas à la santé de l’humanité, mais, en plus, c’est aux industriels « devenus boucs émissaires que nous devons, depuis plus de trente ans, la mise en marché de produits de qualité adaptés à notre vie moderne ». Ces trémolos n’ont bien sûr rien à voir avec le fait que Laplace a travaillé pour Ferrero, le fabricant de Nutella, a été membre du comité d’experts de la Fondation Nestlé et qu’il préside l’Institut français pour la nutrition, un faux nez de l’agroalimentaire, où l’on retrouve des poids lourds, comme Nestlé France et Coca-Cola, ou encore qu’en 2008 le lobby sucrier, via son Institut, l’a récompensé d’un prix.

    C’est également un hasard si sa tribune a été publiée par la revue du Cerin, bras armé de l’industrie laitière. La défense de la malbouffe, c’est du lourd !

    Le Canard Enchaîné N° 4884 du 4 juin 2014

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