Tandis que le gouvernement agite le spectre d’une 5e vague épidémique, des mouvements sociaux inédits prennent de l’ampleur dans les territoires. La promesse d’une fin d’année musclée pour Emmanuel Macron.
« De toute la politique, il n’y a qu’une chose que je comprenne, c’est l’émeute », disait Flaubert. Sans doute la macronie parle-t-elle le même langage que l’illustre écrivain. Comment comprendre sinon que les Guadeloupéens n’aient eu d’autre choix que d’entamer une grève insurrectionnelle pour se faire entendre à Paris ? Tirs à balles réelles sur la police, grève générale, barricades, pillages… Passé un an et demi de précarisation accélérée due au Covid-19, la paix civile ne tenait qu’à un fil dans les Antilles françaises.
En empêchant de travailler des salariés déjà fortement précarisés, sous prétexte qu’ils refusaient de se faire vacciner, le gouvernement a involontairement plongé des familles entières dans la pauvreté. « On ne peut pas priver ces personnes de salaire, sachant les difficultés que nous rencontrons au niveau de la Guadeloupe », pestait Ary Chalus, président de la région, lundi dans l’Express. Difficile de le contredire : le seuil de pauvreté local guadeloupéen ne s’élève qu’à 790 euros, contrairement à celui de la Métropole qui est de 1 020 euros. Pourtant, même avec un seuil si bas, l’Insee recensait environ 23 000 pauvres sur l’île en 2020. Soit 34 % de la population…
Conscient des inégalités profondes qui minent le quotidien des Guadeloupéens, Chalus a tenté de prévenir les autorités des conséquences que pouvaient avoir une telle politique vaccinale. Mais le dialogue n’est jamais facile avec un gouvernement encore persuadé qu’envoyer des porte-paroles à « Touche pas à mon poste ! » peut compenser un manque d’implantation locale. « J’ai eu le courage d’appeler le ministre de la Santé pour rapidement trouver une solution [afin] d’éviter absolument ce qui se passe, racontait-il samedi sur France Info. J’ai eu un retour négatif à la limite du mépris. » La macronie n’a-t-elle donc rien n’appris du mouvement des Gilets jaunes ? Outrepassant les “corps intermédiaires” et les élus des territoires, Matignon a une fois encore laissé s’envenimer la situation, comme elle l’avait fait lors de la mise en place de la désormais célèbre “taxe carbone”. Trois ans plus tard, le résultat est le même : l’insurrection. Et comme en novembre 2018, il n’a pas fallu plus de deux jours pour que les revendications du mouvement s’élargissent, dépassant de très loin le cadre sanitaire.
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