Souvent, les enfants qui survivent à une enfance extrêmement défavorable ont appris une stratégie de survie particulière. Je l’appelle «détachement stratégique». Ce n’est pas le retrait de la réalité qui entraîne des troubles psychologiques, mais un désengagement intuitivement calibré des aspects nocifs de leur vie familiale ou d’autres aspects de leur monde. Ils savent comment, ce n'est pas tout. Ils croient qu'une meilleure alternative existe quelque part et qu’un jour ils y trouveront leur chemin. Ils persévèrent dans cette idée. Ils savent en quelque sorte que la mère n'est pas toutes les femmes, le père n'est pas tous les hommes, cette famille n'épuise pas les possibilités de relations humaines - il y a de la vie au-delà de ce quartier. Cela ne leur évite pas de souffrir dans le présent, mais cela leur permet de ne pas être détruits par lui. Leur détachement stratégique ne garantit pas qu'ils ne connaîtront jamais des sentiments d'impuissance, mais cela les aide à ne pas y rester coincés.
Nathaniel Branden,