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Le grand silence électoral ...
Il y eut des rois sans tête, nous voici avec une démocratie sans électeurs. L’abstentionnisme massif au dernier scrutin régional constitue un désastre, le signe d’un peuple ouvertement en grève contre ses représentants politiques de tout bord, Rassemblement national et France insoumise inclus. Pourtant, cette situation ne semble guère perturber outre mesure nos dirigeants. Après quelques propos convenus, petits larmoiements de circonstance, les vainqueurs se mirent immédiatement à claironner gaiement et les vaincus à inventer toutes sortes d’excuses pour justifier de leurs déboires.
Ceux qui ont perdu obtiennent encore pire. Pour le gouvernement, la déconvenue se présente comme générale. Éric Dupond-Moretti a été mis en déroute dès le premier tour de scrutin. Un total de 2,91 % des inscrits le renvoya sèchement aux Sceaux dont il assure la garde. Marlène Schiappa, sur le département de Paris, réalise 3,77 % au second tour. Promouvoir l’art du lissage brésilien trouve ses limites. Elle eut beau aussi pousser la vocalise, à la manière des kermesses agricoles, rien n’y fit.
Quelles conséquences, alors, tirer de ce naufrage du système politique français ?
Certes, tous les sortants se trouvent réélus. La mode électorale régionale, pour la collection printemps-été 2021, se résume ainsi à la devise « On prend les mêmes et on recommence ! » servie en version « suffrages minus », tellement peu de Français se sont déplacés aux urnes. Par de tels résultats, les présidents de région disposeront indéniablement d’une légitimité juridique pour continuer leurs œuvres, mais sans plus. Face à leurs bilans respectifs, de gauche ou de droite ou du centre, le peuple ne leur a retourné qu’un immense silence méprisant. Les pouvoirs territoriaux reposent maintenant sur un vide absolu. Démocratiquement, ils n’incarnent rien, et surtout pas la volonté populaire.
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