Annonce surréaliste de Christine Kelly, mardi 13 février, à la fin de l’émission Face à l’info : « Le quotidien Le Monde a appelé pour arrêter son partenariat avec la salle Gaveau. » Pour quel motif ? « Parce que Christine Kelly organise des conférences à la salle Gaveau. » Christine Kelly précise qu’elle tient cette information de la salle Gaveau, qu’elle remercie par ailleurs d’avoir résisté à cette censure.
Ironie de l’histoire ? Le cycle de trois débats organisé par Christine Kelly portait… sur la liberté (j’ai eu l’honneur de participer à la deuxième) : liberté de la presse, liberté de croire, liberté d’aimer.
Qui de plus légitime que la célèbre journaliste, ancienne du CSA, menacée de mort pour avoir donné la parole à Éric Zemmour dans son émission Face à l’info, pour porter la défense de la liberté ? Elle en a, du reste, fait un livre Liberté sans expression (Cherche Midi).
Comme pour illustrer l’urgence de ce combat, Le Monde a décidé de ne pas donner à ses lecteurs la liberté d’assister à ces conférences sur la liberté. Dès le lendemain, Libération - décidément - volait au secours du Monde, prétendant éclaircir les faits : selon Louis Dreyfus, président du directoire du groupe Le Monde, « il n’y a jamais eu de partenariat particulier entre le journal et la salle Gaveau qui aurait pu être dénoncé ». Mais quelques lignes plus loin, le même président du directoire répond quand même sur (je cite) « ces accords avec les salles de spectacle ». Pas de « partenariat » mais un « accord » ? Il faut sans doute être aussi intelligent qu’un journaliste de Libé pour comprendre la nuance : « Les salles proposent au service abonné du Monde des places pour les abonnés. » Celui-ci peut « accepter ou refuser, en fonction de l’événement », « car le service s’autorise à refuser des événements qui ne correspondent pas aux centres d’intérêt des abonnés ». Et comme par hasard, Christine Kelly ne correspond pas à ces « centres d’intérêt », les lecteurs n’étant pas assez grands pour faire eux-mêmes leur choix. Louis Dreyfus de se défendre en citant deux autres conférences « refusées » : l’une de Michèle Alliot-Marie, ancien ministre de Chirac et Sarkozy, l’autre de Yann Moix (fréquemment sur CNews).
https://www.bvoltaire.fr/salle-gaveau-les-dessous-de-la-censure-de-christine-kelly-par-le-monde/