Par Philippe Bilger

L’excellent hebdomadaire Challenges qui se qualifie "Le news de l’économie" s’est aventuré sur le terrain de "La magie du verbe-Éloge de l’éloquence" sous la signature de Delphine Déchaux. L’exercice est méritoire même s’il pèche par plusieurs aspects qui concentrent un certain nombre de clichés. À dire vrai je n’en suis pas marri - et je n’ai pas honte de cet aveu promotionnel -car cet article m’a permis de constater à quel point mon enseignement de la parole ne reposait pas sur des fantasmes mais répondait à des nécessités dans les univers politique, médiatique et judiciaire.

Non plus l’éloquence pour la magie du verbe mais la parole pour dire quelque chose. Non plus une somptuosité rhétorique, dans le meilleur des discours, mais un élan de vie. Non plus un jeu de salon mais une épreuve où se joue le plus profond de soi. Non plus dissimuler sa pensée sous un amas splendide de mots mais la révéler par un langage qui ne s’assignera pas d’autre finalité que de la faire surgir telle qu’on y croit.
Ce n’est pas pour rien qu’en introduction à mes formations, je martèle ce double précepte : la parole est une chance - non pas la vide mais la pleine selon Lacan - et je parle donc j’existe. Alors l’éloquence soit, mais pour dire quoi, pour être qui ?
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