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Les nazislamistes sont tranquilles, les tartuffes organisent un défilé...
Manifestation contre l’antisémitisme : le bal des tartuffes
Sur fond de conflit meurtrier, la manifestation contre l’antisémitisme prévue ce dimanche 12 novembre à Paris donne lieu à une de ces commedia dell’arte dont notre classe politique a le secret.
Jusqu’ici, en effet, c’était simple : l’antisémitisme, c’était Le Pen. Point. Qu’il s’en défende, qu’il ne soit pour rien dans l’affaire de Carpentras n’avaient aucune incidence. La gauche bombait le torse et hurlait dans les mégaphones, la droite suivait, le RN se cachait en attendant que l’orage passe et c’était reparti jusqu’à la prochaine manif antifasciste. Mais voilà, désormais, dans le spectre politique français, il y a les positions claires et les positions… euhhh, c’est compliqué !
À Renaissance, on se tortille
Du côté clair, la droite : le RN, Reconquête et les LR ont immédiatement soutenu l’idée de la manifestation lancée conjointement par la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet (Renaissance) et par le président du Sénat Gérard Larcher (LR). Pas de bruit dans les rangs, pas de dissidence, pas d’états d’âme, pas de grincements. Bardella a répondu parmi les premiers à l’invitation, Le Pen ira, Zemmour et Maréchal aussi, les LR idem jusqu'à cette précision, ce 8 novembre au soir : Larcher, qui avait appelé à l'unité et qui expliquait, récemment, à quel point il s'était trompé sur l'immigration, ne défilera pas aux côtés du RN ! Courage, fuyons ! Les LR suivront-ils ? En attendant, le bel élan se trouble dès qu’on déplace le curseur vers la gauche.
À Renaissance, on se tortille. Manifester contre l’antisémitisme ? Oui, mais pas avec n’importe qui, finasse le leader des macronistes de gauche Stéphane Séjourné. Il sera bien présent dimanche, mais « jamais je ne défilerai derrière la même banderole que le Rassemblement national, clame-t-il, la main sur le cœur. J'appelle solennellement les organisateurs ainsi que les partis politiques qui y participeront à ne pas être les complices de la banalisation d'un parti fondé par des antisémites. » Ça faisait longtemps. Il a son honneur, Stéphane Séjourné. « En tant que Secrétaire général de Renaissance, je m'y refuse », lance-t-il dans un mouvement de toge imaginaire. Porte-parole du gouvernement, Olivier Véran joue la même pièce : « À mon sens, le RN n'a pas sa place dans cette manifestation », tranche-t-il. En expert arboricole ultra-lucide, le porte-parole du gouvernement considère que Bardella n’a pas suffisamment condamné Jean-Marie Le Pen et que les « racines antisémites » sont toujours là. Mais le représentant du « en même temps » macronien Séjourné reste fidèle au dogme : « Maintenant, c'est une manifestation publique à laquelle chacun est libre en conscience de participer ou non. » Élisabeth Borne sera présente, mais Emanuel Macron hésiterait… Comme Larcher, Yaël Braun-Pivet ne veut plus l'unité à laquelle elle avait elle-même appelé !
Radeaux de la méduse
Mais c’est un peu plus à gauche que la tartufferie tourne au splendide. Le Premier secrétaire du fantomatique PS s’est fendu d’une déclaration commune avec deux autres fantômes : les écologistes et le PCF - sans LFI, donc. Ces trois micro-partis appellent finalement à participer à la marche, mais à l’abri d’un cordon « républicain » ! Cet utile et symbolique instrument séparera « tous les républicains et progressistes d’une part et le Rassemblement national et les forces d’extrême droite d’autre part, auxquels nous ne reconnaissons aucune légitimité à manifester contre l’antisémitisme ». Pour manifester, le RN et Reconquête, forts de près de 40 % des intentions de vote au premier tour des présidentielles, selon Harris Interactive, devront donc se passer de l’onction du PS et de ses alliés, les radeaux de la Méduse du paysage politique. Y survivront-ils ?
https://www.bvoltaire.fr/manifestation-contre-lantisemitisme-le-bal-des-tartuffes/
Tags : manifestation, l’antisemitisme, gauche, contre, renaissance
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