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Madiba et les deux nigauds ...
Par Yann Fievet
Comme notre époque manque de panache ! Et comme la France vit bien avec son temps ! Les obsèques de Nelson Mandela ont donné lieu à une bien honteuse mascarade. Le Président de la République française en exercice s’est cru obligé d’inviter à l’accompagner à cette digne cérémonie officielle son prédécesseur. L’on pourrait y voir une nouvelle cocasserie de la politique dépolitisée que les médias contemporains affectionnent tant. Ou y voir encore la maladresse d’un chef d’État tatillon plus souvent qu’à son tour. Tout cela existe et ne peut que nous affliger. Le pire réside pourtant ici : ce navrant numéro de duettistes est un affront majuscule à la mémoire du combattant inlassable que fut le premier président de l’Afrique du Sud post-apartheid. Hollande-Sarkozy, voilà une doublette que nul n’avait imaginé sans doute en un tel lieu et en un tel moment. C’est que l’indécence a des limites.
La mémoire des hommes est courte. Celle des hommes occupant de hautes fonctions ne fait pas exception. Nos deux comparses ont étonnamment oublié « le discours de Dakar », prononcé le 26 juillet 2007, à l’Université Cheikh-Anta-Diop, devant des étudiants, des enseignants et des personnalités politiques. Certes, Mr Nicolas Sarkozy y proclame que la colonisation de l’Afrique fut une faute. Mais, il y déclare aussi ceci : « Le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire. Le paysan africain, qui depuis des millénaires, vit avec les saisons, dont l’idéal de vie est d’être en harmonie avec la nature, ne connaît que l’éternel recommencement du temps rythmé par la répétition sans fin des mêmes gestes et des mêmes paroles. Dans cet imaginaire où tout recommence toujours, il n’y a de place ni pour l’aventure humaine, ni pour l’idée de progrès. Dans cet univers où la nature commande tout, l’homme échappe à l’angoisse de l’histoire qui tenaille l’homme moderne mais l’homme reste immobile au milieu d’un ordre immuable ou tout semble être écrit d’avance. Jamais l’homme ne s’élance vers l’avenir. Jamais il ne lui vient à l’idée de sortir de la répétition pour s’inventer un destin. »
http://www.altermonde-sans-frontiere.com/spip.php?article24789
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