Regardez-le [le travailleur] se dépêcher,
boire son café-crème,
entrer à l’usine, travailler,
mais il n’est pas encore réveillé,
le réveil n’a pas sonné assez fort,
le café n'était pas assez fort,
il rêve encore, rêve qu'il est en voyage,
rêve qu'il a un coin,
se penche par la portière et tombe dans un jardin,
tombe dans un cimetière,
se réveille et crie comme une bête,
deux doigts lui manquent,
la machine l'a mordu,
l n’était pas là pour rêver et,
comme vous pensez,
ça devait arriver.
Jacques Prévert