J’ai repensé à cette question qui m’avait obsédée,
sans pouvoir jamais la poser à voix haute :
Comment ça marche, un père ?
Alors, les pièces se sont animées.
Une silhouette bougeait au centre de l’image.
Il était là, ce papa compliqué, et il marchait comme marchent les hommes, sur ses deux pieds.
Il se retournait et je pouvais le reconnaître, comme un père reconnaît ses enfants.
Reconnaître non seulement sa démarche, mais aussi,
et dans un même mouvement de tendresse,
reconnaître son visage, ses traits, ses expressions.
Son front haut. Ses yeux verts. La courbe parfaite de ses sourcils.
Je pouvais les voir, les imaginer.
Et pour la première fois depuis longtemps, je me suis sentie apaisée,
comme si le monde enfin marquait une pause.
Marie Nimier