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Monsieur Hulot n'est pas en vacances ...
Propos recueillis par Cécile Amar
Rare dans les médias depuis le début du quinquennat, Nicolas Hulot rompt le silence. L’envoyé spécial du Président pour la protection de la planète est inquiet et met la pression sur François Hollande et sur Ségolène Royal après l’annonce du report de la loi de transition énergétique. "Ce serait le renoncement de trop", prévient-il.
J’attends de savoir ce qu’il y aura vraiment dans cette loi. Je dis simplement qu’il y a un faisceau d’indices inquiétants : l’abandon plus ou moins tacite de la commission sur la fiscalité écologique, l’annonce vendredi matin d’un report de la loi sans que cela soit démenti. La loi de transition énergétique peut être le marqueur du quinquennat du président de la République. Cela fera mille jours qu’on l’attend, si elle est reportée à l’année prochaine, ce n’est pas acceptable. Il ne faudrait pas qu’il y ait un renoncement de trop.
Il y a eu un long débat pour la préparer. Si cela débouche sur une souris, plus personne, et moi le premier, ne pourra et ne voudra continuer à participer à ce type de consultation. Les conférences environnementales se suivent et ne débouchent quasiment sur rien. Exemple : où en est l’agence de la biodiversité ? Sur le climat, le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, fait vraiment le job et incarne le sujet. Mais ce n’est pas suffisant si à Matignon, à Bercy ou au ministère de l’Écologie, il n’y a pas le même engouement. Je rêve d’entendre le Premier ministre, Manuel Valls, sur ces sujets-là. Il ne faut pas oublier que la France sera le centre du monde en 2015 lorsque Paris accueillera la conférence sur le climat.
J’ai parfois l’impression que les hommes et les femmes politiques dans leur ensemble savent mais ne croient pas vraiment à la gravité de la situation. Ils ne réaliseront que lorsque le PIB s’écroulera ou lorsque les conflits se multiplieront à travers la planète. Tant que nous aurons une pratique de la politique politicienne et partisane, on ne pourra pas aborder les grands enjeux. Tant que ceux qui étaient pour la fiscalité écologique au pouvoir y deviennent hostiles quand ils sont dans l’opposition, nous ne nous en sortirons pas.
Si nous ne sommes pas capables de grands pactes républicains sur les grands enjeux, ça n’avancera pas. C’est le verrou essentiel aujourd’hui. On vit un carrefour de crises, tant que les politiques semblent être la caricature d’eux-mêmes, il ne faut pas s’étonner du désarroi des peuples.
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