La doxa qui s’est finalement installée, comme cadre explicatif convenu des émeutes, est celle d’une poussée de violence de nature délinquante, dont les auteurs, essentiellement Français, seraient «des jeunes». Et si l’affaire était tout autre ? Et, si, par exemple, pour ceux qui les commettent, leurs actes étaient légitimes, au sein de l’horizon dans lequel ils se situent, où le «devoir de vengeance» est une obligation centrale au sein du système de coordonnées culturelles en sécession par rapport à toute possibilité d’intégration ?
Les émeutes de juin 2023 constituent un symptôme majeur des évolutions en cours dans la société française. Sur ce point, tout le monde est d’accord, sauf ceux qui gardent la tête dans le sable, même si, au delà, les interprétations sur ce qui s’est réellement passé divergent radicalement. Différentes approches sont possibles, politiques, à partir des opinions de chacun, idéologiques, sur la base de croyances et de conceptions du monde, communautaires, si on privilégie un groupe d’appartenance, sécuritaires ou économiques par exemple, si on part d’un point de vue technique.
Les trois trajectoires possibles de l’allogène
Les allogènes, transformés en immigrants, peuvent suivre plusieurs trajectoires possibles.
La première est le renoncement à leur culture d’origine et l’acculturation à celle des indigènes.
La seconde est l’inclusion dans le territoire par le biais d’une communauté culturelle maintenue, avec des concessions plus ou moins importantes à la culture française (via les trois piliers de toute culture : croyances, mœurs, rapport à la violence).
La troisième trajectoire est celle d’une présence sur le territoire avec un rejet de la culture française. Ce rejet peut prendre au moins deux formes, celui d’un retour, ou d’un maintien dans la culture d’origine, ou celui de l’acculturation à une culture mafieuse, liée au trafic de drogue ou d’êtres humains. Ce découpage théorique recouvre de multiples situations avec des passages d’une trajectoire à l’autre. On a vu des personnes acculturées revenir à la troisième trajectoire du fait par exemple de l’adhésion aux principes de l’islam radical. On notera également, c’est important pour la suite, que le positionnement culturel est assez indépendant de la nationalité au sens juridique (étranger, double nationalité ou Français).
https://www.causeur.fr/le-jeune-nahel-figure-identificatoire-parfaite-pour-une-jeunesse-culturellement-allogene-263611