Par Riss

Hollande accusé par Fillon d’avoir monté un cabinet noir pour le torpiller. Le ministre de l’Intérieur français accusé d’avoir employé ses filles comme attachées parlementaires. Le pape accusé d’avoir maintenu un prêtre pédophile dans ses fonctions à l’époque où il officiait en Argentine. Moscou accusée d’avoir fait abattre un député ukrainien en pleine rue. Obama accusé par Trump de l’avoir mis sur écoute. La mère Michel accusée d’avoir perdu son chat, « mais qui le lui rendra ? »

 Jour après jour, l’actualité prend des allures de réquisitoire. Jour après jour, les visages des personnalités publiques se transforment en têtes de coupables. Jour après jour, les journaux télévisés ressemblent aux rues de Paris pendant la Révolution : les charrettes y passent remplies d’accusés qu’on emmène à l’échafaud. Car le bon peuple exige de vivre dans une société parfaite, aussi propre qu’une salle d’attente de gynéco. Pourtant, même avec des convictions politiques solides, on n’est pas toujours très à l’aise de voir un adversaire se faire décapiter d’un coup de hache sur la place publique. Accuser, c’est bien. En abuser, ça craint.
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La nausée monte chaque semaine un peu plus car, dans tous les camps, ces délits bien réels contribuent à faire disparaître la différence entre la droite et la gauche. Les extrêmes s’en frottent les mains. Le Front National n’a jamais eu de programme. Il ne sait que rédiger des actes d’accusation : Le Pen accuse les étrangers de prendre le travail des Français, accuse l’Europe de détruire la France, accuse les migrants de venir commettre des attentats et bien d’autres choses encore. Si demain la pensée politique se retrouve réduite à un catalogue d’accusations tous azimuts, l’extrême droite pourra se dire qu’elle a remporté une belle victoire.