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Non, la bécasse n'est pas une bécasse ..
S'il en est une qui ne mérite vraiment pas de voler bas dans le dico des noms d'oiseaux, c'est bien la bécasse. Foi de chasseur : si le faisan d'élevage se chasse au filet à papillon, cibiche dans une main et bière dans l'autre, avec la bécasse des bois, c'est une toute autre histoire. Car, qui veut en farcir une de plombs de dix doit potasser son manuel du commando parachutiste et suivre un an de tactique et stratégie aux grandes écoles de St Cyr-Coëtquidan.
C'est qu'une bécasse c'est du coriace, ça a de quoi dans la calebasse. C'est pas du gibier de vacances, plutôt dun gibier de patience. La belle, dotée d'une vue à 358 degrés, d'une ouïe de compositeur, et d'une robe passe-muraille, maîtrise trois techniques de défense. La fuite trotte-menu, mariant l'essuie-glace avant-arrière/droite-gauche et le saut en longueur pour emmêler ses pistes et faire loucher les chiens. L'envol brutal, avec zig-zag en trois dimensions et figure de style, mode "as des as". Enfin l'immobilité parfaite : sûre de son plumage de camouflage, elle joue les Rodin, juste sous votre nez, et vous n'y voyez rien. Les chasseurs assurent que, dans ce cas-là, sous l'effet d'un stress intense, elle saurait même retenir son odeur.
Mieux, sagace face au danger, la bécasse se décarcasse avec ses trois techniques selon qui la pourchasse : carnivore, fusiller sportif, rapace. Selon le milieu où elle se délasse : taillis, futaie, bocage. Et selon sa propre expérience des menaces. Invisible, inodore et rusée donc ... Classe la bécasse !
Thierry Creux sur Ouest-France de lundi.
Tags : becasse, trois, selon, zig, techniques
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