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Nostalgie ...
Ici et là, au gré de nos villes et de nos villages de profonde province, existent encore de petits commerces aux senteurs épicées où il fait bon acheter une ou deux "bricoles"... Mon épicerie est de ceux-là...
Des quartiers de nos grand’villes aux grand’rues de nos villages, ils sont le soleil d’un quotidien délicieusement suranné qui nous file entre les doigts aussi sûrement que les secondes du Génitron, ce contemporain sablier à rebours de la modernité galopante qui a mesuré pendant des années les secondes qui séparaient l’humanité pressée du siècle passé au siècle présent...
Les emplettes obsolètes effectuées en ces lieux quasi-séculaires, où fleurissent toujours les cancans désuets qui permettent au quartier d’exister encore, nous sauvent, certains soirs où le temps nous presse. Le vieux crayon à bille vissé sur l’oreille de monsieur l’épicier rappelle étrangement la bonne vieille mine grasse que l’on mouillait naguère avant d’aligner les chiffres. Madame, elle, maîtrise encore l’art délicat de vous couper une tranche diaphane de jambon cru, à la main, avec un long couteau.
Une salade encore humide, quelques fruits odorants, des rangées d’improbables conserves, quelques rares bouteilles introuvables ailleurs... L’appoint en pièces trébuchantes dans ces mains rendues calleuses par des décennies d’industrieux labeur, des mains patinées qui connaissent les vieux secrets des marchandes de nos dictées enfantines et la nuit se referme sur la lumière un peu faible de cette enseigne nostalgique qui glisse vers l’oubli du temps...
Espèrons que nous aurons encore longtemps le plaisir de venir ici prendre le pouls de la vie... Aussi longtemps que ne s’éteindra pas tout à fait cette faible lueur au profit des néons blafards de la ville qui font si mal aux yeux...
Altermonde-sans-frontières
Tags : main, nostalgie, longtemps, presse, quartier, épicerie
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