Le 7 octobre, le Hamas s’est livré à une bacchanale nazie version islamiste.
Mais après ce crime contre l’humanité, on n’a pas vu l’humanité unie se dresser contre les meurtriers.
Que faire alors quand l’internationale djihadiste, du Hamas à Arras, met sous tension les sociétés ouvertes ? Dans son introduction à notre dossier spécial, Elisabeth Lévy est sans ambages : « L’urgence, pour nous, est de mener le combat idéologique. Contre les islamistes et peut-être plus encore contre leurs alliés insoumis et extrême-gauchistes ». Selon l’analyse de Gil Mihaely, l’offensive sanguinaire du Hamas a révélé les failles de l’armée et du renseignement israéliens. Son onde de choc secoue la société israélienne et bouscule les équilibres fragiles de la région. Toute perspective de sortie de crise suppose au préalable un changement politique en Israël. Gilles Kepel, à qui l’on doit les concepts de « mouvements islamistes », d’« islamo-gauchisme » et de « djihadisme d’atmosphère », raconte à Élisabeth Lévy et Jean-Baptiste Roques comment il a été poussé à la retraite au moment où les phénomènes qu’il décrit depuis quarante ans redoublent de gravité. Pour l’historien Georges Bensoussan, qui se confie à Gil Mihaely, la guerre menée par le Hamas contre Israël représente, par sa dimension islamique et djihadiste, l’offensive de tous ceux qui haïssent l’Occident, et les juifs. Cet antisémitisme mondialisé est un marqueur dans la guerre, froide celle-ci, qui oppose la Chine et la Russie au bloc libéral. L’anthropologue Fadila Maaroufi, dont les propos ont été recueillis par Céline Pina, déplore l’ambiguïté d’une grande partie de la population arabo-musulmane de France. Elle l’explique par l’islamisme d’atmosphère dans lequel beaucoup vivent. Si, pour le sociologue Tarik Yildiz, les crimes du Hamas n’ont pas suscité d’explosions de joie dans nos banlieues, c’est parce que la négation a remplacé la justification : la rumeur d’images manipulées par Israël s’est vite répandue. Pierre Vermeren dresse le contraste entre un Occident occidental multiculturel, ouvert à la « diversité », et des pays musulmans qui imposent par la force l’homogénéisation ethnoreligieuse de leur société. Driss Ghali regrette que l’attaque du Hamas sur Israël ait donné un coup d’arrêt à la normalisation des relations entre Israël et le Maroc, mais croit encore à la possibilité du rapprochement.