-
Nous ne sommes que des pions interchangeables ...
« Retour à l’anormale »
Par Jean-Luc Porquet
Cinq ans après, à Fukushima, « la catastrophe ne fait que commencer », comme le note le physicien nucléaire David Boilley, qui se rend régulièrement sur place et vient de publier un rapport accablant sur la situation actuelle. [1] Dans un rayon de 20 kilomètres, environ 160 000 personnes avaient dû s’enfuir, et 100 000 sont toujours déplacées. Ces réfugiés nucléaires, le gouvernement a décidé de ne plus les indemniser à partir de mars 2018. Ils ont déjà coûté près de 50 milliards d’euros, ça suffit !
Et d’organiser à la hussarde leur retour sur place. Les territoires contaminés ont été répartis en trois zones. L’une est dite « de retour difficile » (sic) : on y reçoit plus de 50 millisieverts (mSv) par an, et ça risque de durer entre dix ans et plusieurs siècles. Ceux qui habitaient-là sont priés d’aller voir définitivement ailleurs. Dans la seconde zone, où l’on reçoit entre 50 et 20 mSv, des actions de décontaminations sont en cours. On gratte la terre, on émonde les arbres, on lave les toits, et voilà des villes et des villages considérés comme des oasis bientôt habitables, au milieu de campagnes et de forêts toujours hautement contaminées… C’est dans la troisième zone que les rescapés de Fukushima viennent d’être invités à revenir. La radioactivité y oscille entre 1 et 20 mSv. La Commission internationale de protection radiologique recommande de ne pas s’exposer à plus de 1 mSv par an, mais, les autorités japonaises étant pressées, elles ont trouvé la parade : les réfugiés n’auront qu’à s’équiper d’un dosimètre individuel ! Sachant qu’en restant enfermé chez soi on ne reçoit qu’environ 40 % de la radioactivité, à eux de gérer leur exposition. Les enfants, par exemple, seront priés de ne pas trop jouer dehors.
http://www.altermonde-sans-frontiere.com/spip.php?article30828
Tags : atome, recoit, zone, retour, Japon
-
Commentaires