Le conflit en Ukraine s’enkyste. Une guerre qui voit tristement se battre des chrétiens contre d'autres chrétiens, un spectacle auquel nul ne pensait plus devoir assister. Dans ce jeu de billard à cinq bandes, au-delà des visées impérialistes des uns et des tentations américaines des autres, il y a une réalité concrète : des mouvements de population qui, à un moment de l'Histoire récente de l'Ukraine, ont brouillé les identités et ébranlé les appartenances.
Pour les Ukrainiens, le Donbass est leur terre : les référendums ne sont que simulacres. Pour les Russes, cette terre peuplée de Russes est russophone : elle leur appartient.
C’est l’histoire de ces trois derniers siècles qui veut ça : au XVIIIe, l’exploitation de houille, de sel, de gemme et de charbon provoque l’installation, en nombre, d’une population russe. Les Ukrainiens, à l’atavisme rural, continuent d’exploiter la terre. Des villes très denses, en revanche, se développent, habitées par les Russes.
Une deuxième vague d’immigration arrive à la fin de la Seconde Guerre mondiale : des ouvriers russes viennent reconstruire une région qui a été dévastée. Parallèlement, les bolcheviks imposent autoritairement la langue russe. À partir de 1938, le russe devient obligatoire dans les écoles. Ces diverses vagues d’immigration de travail ont modifié la structure démographique. Couplées à l’apprentissage de la langue, elles ont suffi à rapidement brouiller les cartes. Ukrainiens ou Russes, Russes ou Ukrainiens ? Ils se battent jusqu’à la mort pour le déterminer. Ils sont pourtant culturellement si proches.
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