Par Yves Paccalet

La neige de l’hiver finit de fondre et de se sublimer dans la transparence de l’atmosphère. Mon existence humaine se dissout dans l’or du temps. Je ne suis ni malade, ni déprimé, je pense avoir encore quelques saisons de plaisir à déguster, mais j’aime savoir que je ne suis pas plus durable que les cristaux de glace au mont Jovet, avec à l’horizon la Vanoise, le Grand Bec, la Grande Casse et "les nuages, là-bas..., là-bas..., les merveilleux nuages"...

La vanité de notre civilisation technique et avide d’énergie nous a plongés collectivement dans l’illusion ou le péché d’orgueil selon lesquels nous comptons pour quelque chose en ce bas monde. La vérité est différente : nous n’incarnons qu’un misérable rêve. Un simulacre éphémère... Nous n’acquérons nulle autre importance que celle que nous avions lorsque nous étions ovule fécondé dans l’utérus de notre mère, et que nous ne possédions aucune idée de la splendeur du ciel par-dessus les cimes.

Lorsque mes derniers cristaux se seront évanouis dans l’élément aérien, je redeviendrai l’insignifiant amas de molécules que je n’ai jamais cessé d’être. Les quatre vents éparpilleront mes restes dans un éther d’atomes où ni Dieu ni Diable ne viendront jamais m’accueillir.
Altermonde-sans-frontières