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Penser bien, penser vrai ...
Penser la nature
Par Gérard Charollois
« Il est du devoir de chacun de veiller à la sauvegarde du patrimoine naturel dans lequel il vit ». Tel est l’article premier de la loi 76 629, du 10 juillet 1976, portant conservation de la nature. Ainsi, pour le législateur, héritier des idéologies anthropocentriques, la nature constitue le patrimoine de l’homme. Cette proclamation de sauvegarde, même à ce titre, constitua une avancée et fut perçue comme progressiste.
Cependant, où est le fondement éthique justifiant que l’espèce humaine s’arroge un titre de propriété sur la nature ? Un patrimoine, terme juridique, est un ensemble de droits rattachés à une personne. L’homme détient-il sur la nature un droit patrimonial ? Certes, comme tout être vivant, il doit user des ressources de la nature, puisqu’aucune vie n’est concevable sans cet usage. Mais, la nature ne vaut-elle pas par elle-même ? Si un végétal fournit à l’homme une molécule efficace dans notre guerre totale faite à la maladie, à la souffrance et à la mort, il convient d’user de ce bienfait. Si une espèce animale, par son chant, ses mœurs, ses performances agrémente notre environnement, il y a lieu d’admirer, d’aimer et de se réjouir. Mais, une espèce n’a pas à acheter un Droit de vivre à l’espèce humaine. Elle vaut par elle-même, par-delà son utilité, parce qu’elle est une forme de vie. Les esprits chagrins verront dans mes propos, ce qu’ils ne recouvrent pas : une misanthropie et une « scientophobie ». Leur erreur remonte à la racine des vieilles idéologies religieuses et philosophiques qui séparèrent l’humain et la nature.
http://www.altermonde-sans-frontiere.com/spip.php?article29116
Tags : nature, pensez, l’homme, patrimoine, droit
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