Pourvu qu’un enfant croise ton chemin
Et te gratifie d’un sourire entendu
Qu’une femme inconsciente de sa splendeur
t’initie en passant à la poésie de son parfum
Qu’un ami mort il y a des années
surgisse au coin de la rue et vienne se jeter dans tes bras
Qu’un oiseau d’une espèce disparue se pose sur le barreau de ta fenêtre et se mette à parler comme dans les fables apprises à l’école
Que le jasmin qui t’a donné des inquiétudes au cours de l’hiver
fasse ne serait-ce qu’une fleur ce matin
Pourvu qu'aucune catastrophe n'intervienne
entre le début de cette rêverie et la fin vers laquelle elle s'achemine
et tu auras remporté sur ta vie en sursis une petite victoire.
Abdellatif Laâbi