Par Yves Paccalet

Je connais le nouveau maire de Grenoble, Éric Piolle. Nous nous sommes côtoyés pendant plusieurs années à l’Assemblée régionale de Rhône-Alpes, sur les bancs du groupe Europe-Écologie-les-Verts. Il en a démissionné pour honorer son mandat municipal. J’ai quitté le groupe pour des raisons que j’ai expliquées ici-même. Nous n’incarnons ni l’un, ni l’autre, de dangereux utopistes anticapitalistes, anti-progrès, antitout. Il dirige sa ville avec le Front de Gauche et d’autres groupuscules dont je suis loin de partager le discours néo-communiste. Mais Éric Piolle a été cadre de haut niveau dans une multinationale et (que je sache) il n’attend pas la révolution sous le téléphérique de la Bastille… Nous sommes restés d’accord sur nombre de sujets, y compris celui-ci : la publicité, ça commence à bien faire !

Bonne nouvelle pour les oiseaux

  Éric Piolle l’avait promis dans sa campagne électorale : il tient parole. Il "libère" certains lieux publics grenoblois (des rues, des places, des perspectives…) en y supprimant des sollicitations à consommer, consommer, consommer encore et toujours. D’ici quelques semaines, il aura fait ôter 326 supports de publicité, dont 20 colonnes (de plus de 2 mètres de hauteur), 64 grands panneaux (de 8 mètres carrés de superficie) et 227 "sucettes" de moindres dimensions, ainsi rebaptisées à cause de leur forme, mais aussi en raison de leur attractivité sucrée-colorée bien propre à droguer les bébés consommateurs que nous incarnons tous. À la place, le maire de Grenoble veut planter des arbres (une cinquantaine ; bonne nouvelle pour les oiseaux et les insectes) et projette d’aménager des "espaces d’expression publique" en concertation avec le milieu associatif. Un peu de créativité dans le genre "Mai 68" ne saurait nuire : l’imagination au pouvoir ! En l’occurrence, Éric Piolle s’expose seulement à voir tagué, sur un lieu de libre parole, un slogan vengeur du type : "Piolle, démission !"
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